Terre sainte : la paix impossible ?

Capture d’écran 2014-09-20 à 19.43.38Article dans : InfoCatho.be

Si une lueur d’espoir a surgi en début de journée dans le conflit qui oppose  au , l’intransigeance de ce dernier a relancé les bombardements de Tsahal sur Gaza. La paix est-elle définitivement impossible ?

La question mérite d’être soulevée. Face à l’escalade de la violence, depuis une semaine, on avait espérer un cessez-le feu en début de journée, alors que l’Egypte avait une nouvelle fois joué le rôle de médiateur, comme elle l’a fait lors des précédentes crises entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas. Le Caire a proposé une trêve à partir de ce mardi matin, avec l’ouverture dans la foulée de négociations sur l’entrée des biens et des personnes dans l’enclave palestinienne sous blocus israélien.

Mais, le chef du gouvernement israélien avait prévenu : « Israël aura toute la légitimité internationale pour élargir ses opérations militaires afin de ramener le calme nécessaire », avait-il averti en recevant le ministre allemand des Affaires étrangères à Tel-Aviv.

Dans son plan, l’Egypte prévoyait un « arrêt total des hostilités aériennes, maritimes ou terrestres » et l’ouverture dans la foulée de négociations sur l’entrée des biens et des personnes dans l’enclave palestinienne sous blocus. Par ailleurs, l’Egypte proposait d’accueillir, sous 48 heures après l’entrée en vigueur de la trêve, deux délégations palestinienne et israélienne pour ouvrir ces discussions indirectes. Dans la nuit de lundi à mardi, la Ligue arabe avait  appelé Israéliens et Palestiniens à accepter cette proposition, saluée aussi par le président américain Barack Obama. Le président palestinien Mahmoud Abbas s’était également félicité de l’initiative égyptienne et avait appelé les parties à respecter le cessez-le-feu.

Mais, le Hamas a écarté tout cessez-le-feu qui n’inclurait pas un accord complet sur le conflit l’opposant à Israël. Il exige l’arrêt des bombardements, la fin du blocus de Gaza en place depuis 2006, l’ouverture du poste-frontière de Rafah avec l’Egypte et la libération des prisonniers arrêtés de nouveau après avoir été relâchés dans le cadre d’un accord d’échange contre un soldat israélien en 2011.

Reprise du ballet diplomatique

L’espoir de voir un cessez-le-feu s’est hélas vite évanoui. Depuis 06H00 GMT, près de 35 roquettes ont été tirées de Gaza en direction d’Israël, selon l’armée. Du coup, les frappes aériennes dans la bande de Gaza ont repris faisant disparaitre les possibilités de mettre fin à un conflit qui a fait 174 morts et plus de 1.100 blessés du côté palestinien, principalement des civils, et des milliers de déplacés. « Tout indique, c’est dramatique, que les femmes et les enfants représentent une large part des victimes des frappes aériennes », a déploré à Gaza le patron de l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), Pierre Krahenbuhl. « A l’heure actuelle, plus du quart des morts sont des enfants », a-t-il précisé.

Du coup, le ballet diplomatique a repris. John Kerry s’est dit à nouveau prêt à faciliter une cessation des hostilités. Le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier était lundi à Amman, avant une visite ce mardi à Jérusalem et à Ramallah, siège de l’Autorité palestinienne en Cisjordanie. Son homologue italienne Federica Mogherini est attendue mercredi. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a estimé que « trop de civils palestiniens » avaient été tués et a redouté qu’une éventuelle offensive terrestre ne vienne alourdir ce bilan. Chez nous, le Premier ministre sortant Elio Di Rupo a appelé à un arrêt immédiat des violences en Israël et en Palestine en se déclarant « choqué » par le nombre de victimes. Le chef du gouvernement fédéral démissionnaire a également demandé, dans un communiqué, à toutes les parties concernées « de faire preuve de la plus grande retenue »« L’actuel cycle de représailles et de contre-réactions ne fait qu’éloigner encore davantage toute perspective de coexistence pacifique des deux peuples via la reconnaissance de deux Etats où la sécurité est garantie », a souligné Elio Di Rupo. Et dans ce concert d’appels au calme, il faut aussi relever celui du pape François, qui a demandé de continuer à prier pour que la paix soit possible

L’échec de la médiation égyptienne est sans doute dû aussi au fait que les relations entre le nouveau pouvoir au Caire et le Hamas sont tendues, suite au renversement du président élu Morsi par l’armée et son remplacement à la tête de l’Etat par le général Al-Sissi. Par ailleurs, ce rejet affaibli aussi la position du président Abbas qui s’était rapproché du mouvement islamiste en vue d’organiser des élections. Enfin, il isole encore un peu plus le Hamas. Pas sûr que le fait de ne pas avoir saisi la main tendue lui soit favorable, même auprès de ses alliés.

Reste à savoir quelle marge de manœuvre ont encore les diplomates. La Turquie et le Quatar ont aussi proposé leur médiation, mais Israël ne veut pas en entendre parler. Bref, on voit mal comment sortir de cette spirale infernale, alors qu’il a y urgence en raison de la situation sur le plan humanitaire et que le risque de voir le conflit embrasé toute la région, déjà fragile en raison du conflit syrien, est bien réel.

Rappelons que la spirale de violences actuelles a été enclenchée après l’enlèvement et le meurtre de trois étudiants israéliens près de Hébron en juin, attribués par Israël au Hamas, suivis de l’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem, pour lequel trois extrémistes juifs doivent être inculpés dans les prochains jours. Les auteurs de ces crimes gratuits sont sans doute les seuls à avoir atteint leur but : réanimer les hostilités.

J.J.D.

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